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LusXtano Manga

23 novembre 2007

Ushijima - l'usurier de l'ombre

ushijima_01


Découvrez le milieu glauque des usuriers à travers le quotidien de l’un d’entre eux, Ushijima ! Un manga choc, où la violence morale côtoie celle des actes !             

 


            L'histoire

Comme tous les jours, Ushijima, 23 ans, dirige sa société Buy Buy Finance où il prête de l’argent à toutes les personnes le sollicitant. Pour autant, son entreprise n’est pas une banque ou un établissement de crédit. Il n’est autre qu’un usurier (ou yamikin en japonais), une personne pratiquant des taux d’intérêt à court terme extrêmement élevés. Jugez plutôt : 50% en 10 jours ! Ce n’est pas cela qui empêche les clients de venir, toujours accueillis dans les locaux par une charmante hôtesse. Ushijima vient d’engager Takada à qui il va apprendre les rudiments du métier. Il lui explique que toutes les dettes contractées lui ont toujours été payées. Ainsi, la nouvelle recrue assiste au défilé de dames laissant leur permis de conduire contre 30.000 yens (190€), pour aller satisfaire leur dépendance au patchinko (un jeu de hasard). Ushijima explique alors à Takada l’importance de ces femmes qui empruntent perpétuellement afin, non pas, de rembourser le prêt initial mais de retourner jouer. Cela ne pose évidemment pas de soucis puisqu’il reste à notre yamikin le mari sur lequel faire pression afin d’être remboursé, et ce, quelle que soit la façon…

La critique 

Le monde d’Ushijima est impitoyable. Ce grand Japonais habillé comme un rappeur américain vit dans les marges de la société capitaliste nippone, et exploite au mieux les laissés-pour-compte de l’économie de marché. Sur un ton entre polar et réalisme qui fait froid dans le dos, Shôhei Manabe décrit un monde finalement proche du nôtre, tant il est facile de se retrouver sur la paille en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Criblés de dettes, rejetés par tous les organismes de prêts, les pauvres types surendettés, les femmes gangrenées par le jeu, les inconscients qui vivent au-dessus de leur moyen, soumis aux lois cruelles d’une société où l’apparence guide la réussite, n’ont plus qu’une solution : aller voir Ushijima l’usurier.
D’une noirceur sinistre, ‘Ushijima’ décrit un monde tenu par l’argent. Intelligemment, Shohei Manabe ne se contente pas de suivre Ushijima l’usurier, ses arnaques, sa violence meurtrière et son cynisme implacable. Il place parfois son point de vue de l’autre côté du miroir, suivant des destins brisés, qui, pris à la gorge, courent dans la gueule de loup, chez ce mauvais rejeton du capitalisme qui les pressera jusqu’à plus soif. Ushijima sait toujours se faire rembourser, et certains passages sur la prostitution ou l’addiction à la drogue frappent par leur réalisme clinique, qui prend le dessus sur l’aspect fictionnel du récit. Portée par un dessin irréprochable, très soigné, cette nouvelle série se démarque autant par ses qualités formelles que par le sujet qu’elle traite. Du grand manga.

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